L’égalité femmes/hommes au Conseil Municipal

Le conseil municipal du jeudi 29 a eu son lot de commentaires arrogants et parfaitement déplacés du maire et de ses conseillers. Il y a eu en particulier un débat animé autour de la déclaration d’intérêt général de la ligne 2 du tramway (voir le blog ami http://collectifpaysnicois.blogspot.fr/ ) qui entraîne la déclaration d’intérêt public (DUP) laquelle permet au préfet de lancer les expropriations. Nous avons eu aussi droit à une algarade odieuse à propos des déboires de l’équipe de rugby, où le maire s’est permis de qualifier Patrick Allemand de menteur, de le déclarer indigne d’être élu .. bref, la routine … mais c’est toujours aussi violent et insupportable.
Il y avait une délibération passée à la fin du conseil, qui nous demandait d’approuver l’adhésion de la Ville de Nice à la « Charte Européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale ». J’ai fait une intervention – que je recopie – ci-dessous – qui a été accueillie soit « à la blague » soit par quelques manifestations excédées. Mais j’espère que quelques idées percoleront dans les esprits. Comme la Charte comprend 35 pages en très petits caractères, je ne la reproduis pas mais je peux en envoyer le texte en pdf à qui me le demande. Elle va très loin et je doute que nos édiles aient vraiment réalisé ce à quoi ils s’engageaient. Nous serons là pour le leur rappeler.

Le texte, légèrement toiletté avec quelques commentaires en italiques :

Il est bien évident que je suis plus que favorable à un engagement SINCERE dans une telle démarche. Même dans un pays aussi favorisé que le nôtre et où les luttes féministes ont débuté il y a longtemps, je sais quel long chemin reste à parcourir pour arriver à une véritable égalité civile, sociale, culturelle.
J’ai donc lu cette charte avec un vif intérêt. Nous nous engageons sur des points très divers et très importants car tous les aspects des politiques locales sont envisagés : l’égalité dans l’éducation et devant l’emploi, l’égalité pour les immigré-e-s dans tous les aspects de la vie citoyenne, l’éradication des stéréotypes poison , l’égalité à travers les politiques environnementales et le développement durable etc..
Comme charité bien ordonnée commence par soi-même, j’aimerais revenir sur quelques points concernant directement notre vie d’élu-e-s.
Nous sommes dans une assemblée paritaire, la loi nous l’impose, mais l’inégalité n’est pas loin : quid du conseil métropolitain, que vous présidez, où la dominance masculine est impressionnante du fait de la présence des maires mâles de toutes les communes (Ici gros rires, on notera qu’il y a 6 femmes maires sur 146 et que la moyenne d’âge est respectable). Or c’est le conseil de ces maires – mâles – qui est l’organe décisionnel de la métropole. Y sera-t-il remédié lors des prochaines échéances ? Quels moyens vous donnerez-vous ?
Et même ici – dans cette enceinte – une discrimination latente se niche dans les textes non genrés de nos délibérations. Exemple : les délibérations concernant les recrutements de personnels : UN ingénieur qualité, UN chef de service technique, UN chef de projet évènementiel sportif, UN directeur artistique à l’Opéra. Faut-il avoir un … p ..antalon pour postuler dans ces métiers divers ? Non bien évidemment. Il faudra donc apprendre à rédiger nos textes en les « genrant », ce n’est pas anodin, et j’espère que les services vont pouvoir bénéficier d’une formation leur permettant de revoir ce type de fonctionnement et appliquer ainsi l’article 2-7 (sur l’attribution des postes) et l’article 6 (contrer les stéréotypes).
Commentaires vifs du maire qui me fait remarquer, air connu, que certains métiers ne pouvaient être assumés par des femmes, comme conducteur de chasse neige. J’ai répondu qu’il y avait à Nice des femmes conductrices d’autobus et de rames de tram, et que je ne voyais pas le problème …

De la même façon j’espère que nous allons appliquer à la lettre dans tous nos formulaires administratifs l’excellente circulaire Théophile, que je vous cite en partie :

« Le ministère rappelle que : « Le nom de famille est attribué lors de la déclaration de naissance. A l’occasion du mariage les époux peuvent prendre l’usage du nom de leur conjoint. Cette possibilité est ouverte aux hommes comme aux femmes.
Cet usage ne repose sur aucun texte … »
(Et donc le ministère décrète que ) :
* La formule « Madame X épouse Y » est à proscrire.
* Les formulaires administratifs doivent faire apparaitre les mentions « nom de famille » et non « nom patronymique » et « nom d’usage » et non « nom d’épouse »
*L’appellation « Madame » doit être systématiquement utilisée pour désigner les agentes, à l’exception de ces dernières qui auront expressément demandé à être désignées comme « Mademoiselle ».
Ces règles s’appliquent pour tous les documents …  » fin de citation
J’espère que tous les documents administratifs de la ville et de la métropole seront modifiés en ce sens dans les plus brefs délais.
Dans la même veine, je reçois autant de courriers internes adressés à Mme HN conseillèrE que Conseiller. Lors de la dernière mandature, il m’a fallu une lutte tenace pour obtenir que mes cartes de visite soient au féminin.
La charte concerne également mon petit domaine de compétence, les achats publics. Elle dit entre autres : « le signataire reconnait que dans l’exécution de ses tâches et de ses obligations (..) y compris les contrats d’achat de produits, le recours à des services et la réalisation de travaux, il est de sa responsabilité de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes ». Je crains que ce soit encore plus difficile que pour les critères environnementaux.
Je terminerai par le point le plus important et je dirais le plus douloureux : nous nous engageons par ce texte à mettre en œuvre cette égalité dans les domaines de l’éducation, de la santé, du logement et en particulier à – et j’attache du prix à ce paragraphe dans le contexte actuel – : « promouvoir l’intégration des femmes et des hommes immigrés en prenant en compte leurs besoins spécifiques »
En conclusion je suis ravie que vous signiez et assumiez cette charte. Comme il y a beaucoup de chemin à faire, nous comptons bien, nous les femmes de l’opposition, que vous aurez à cœur d’établir très rapidement le « PLAN D’ACTION » exigé par la charte (paragraphe 2 du préambule), sans attendre les deux ans dont vous disposez. Et je demande par la suite à ce qu’un point soit présenté régulièrement, à la manière de ce qui se fait actuellement pour l’agenda 21.

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