Plan Local d’Urbanisme de Saint-Laurent-du-Var: Non à l’urbanisation des terres agricoles des Iscles et à l’extension du Port

photo de saint-laurent du avr

Après consultation des éléments constitutifs du projet de PLU et des avis du Conseil Régional PACA et de l’Autorité environnementale, nous souhaiterions apporter notre contribution sur les points suivants :

– une observation générale sur le développement agricole dans la Plaine du Var dans le cadre de l’OIN Plaine du Var,

– l’urbanisation du site des Iscles,

– le projet d’extension du port de St Laurent du Var.

 

1/ Le projet agricole dans la Plaine du Var et St Laurent du Var

Le PLU de Saint-Laurent du Var, ce sont de nouvelles terres fertiles sacrifiées sur l’autel des projets de l’OIN Plaine du Var : 40% de surfaces agricoles en moins sur l’ensemble de la commune, et surtout 60% pour la partie située dans la plaine alluviale !

Sur ce point, nous ne pouvons que constater un ensemble d’avis négatifs ou réservés :

  • la Région PACA donne un avis défavorable sur ce projet de PLU qui « aurait mérité une réflexion plus poussée, tant sur le devenir des espaces agricoles que sur les perspectives de croissance démographiques et les besoins induits » ;
  • l’autorité environnementale recommande de « surseoir à toute modification de zonage sur ce secteur dans l’attente d’un stade d’avancement plus abouti des études permettant une réflexion d’aménagement global dans le cadre de l’OIN. »
  • la Commission départementale de la consommation des espaces agricoles (CDCEA*) 06 réunie le 13 mai a émis un avis réservé.

*Commission départementale de la consommation des espaces agricoles.

Sur le territoire de l’OIN Plaine du Var, les terres  agricoles continuent de disparaître,   malgré les déclarations des acteurs politiques locaux –au premier rang desquels Christian Estrosi, Président de la Métropole, qui, dans une interview de Nice Matin ce 5 juin déclare « se refuser à tout bétonnage sur les terres agricoles de la Plaine du Var afin de protéger l’environnement »- et les objectifs affichés d’une prétendue « Eco-vallée » porteuse d’un nouveau modèle de développement et respectueuse des terres agricoles. Devant l’imminence d’une crise généralisée sociale, écologique, financière, les écologistes défendent l’idée que « pas un mètre carré de terre fertile ne soit perdu ».

En cohérence avec les ambitions du projet de territoire « éco-vallée » et comme le recommande l’Autorité environnementale, nous aurions pu espérer un statut fort de protection pour les terres agricoles des Iscles, (ZAP, zone agricole protégée ou PAEN, périmètre de protection des terres agricoles et des espaces naturels péri-urbains).

 

Nous nous approuvons et appuyons le demande de l’Autorité Environnementale de surseoir à toute nouvelle suppression de terres agricoles dans la Plaine du Var tant que ne sera pas proposé un aménagement global de la plaine du Var, et en particulier de son projet agricole.

Le territoire de l’OIN n’avait-il pas vocation à être un territoire d’expérimentation des politiques du Grenelle ? à inventer une nouvelle façon d’aménager en restructurant l’espace urbain et en limitant la consommation de l’espace ? en maintenant, voir recréant des espaces naturels et agricoles ?

2/ L’urbanisation du secteur des Iscles

Le projet de PLU de Saint Laurent constitue un déni cuisant de la DTA qui prévoyait de garantir la « plaine maraîchère de Saint-Laurent du Var ».

(Il est  à noter que un phénomène identique est observable dans le projet arrêté de PLU de la commune voisine, La Gaude)

L’ancien lit majeur du Var, originellement voué à une agriculture maraîchère intensive, à vocation nourricière pour la métropole voisine, est aujourd’hui morcelé par différentes activités humaines. Mais plutôt que de reconquérir les terres agricoles, le PLU fait le choix inverse avec la création :

– au Sud, sur la zone anciennement classée agricole du POS, d’une extension des équipements sportifs existants mais aussi d’une zone d’urbanisation future de 21,2 haen continuité de l’urbanisation existante. Elle correspond au projet d’extension de la zone urbaine des Iscles autour du futur pôle sportif porté par l’EPA Plaine du Var ;

– au Nord, sur le secteur Sainte Pétronille/La Baronne, la réalisation d’un éco-quartier, mais aussi d’une zone de développement urbain futur de 3,8 hadans le cadre d’un projet porté par l’OIN Plaine du Var (en lien avec la future plateforme agroalimentaire sur la commune de La Gaude).

 

Le secteur des Iscles constitue pourtant le dernier espace agricole de St Laurent du Var. Il devrait être préservé car ses riches terres alluviales lui confèrent une valeur agronomique forte. L’intérêt majeur du secteur des Iscles a été souligné par nombres documents :

  • la DTA  qui impose la préservation de 20 à50 hasur ce secteur,
  • mais aussi le SDAGE qui souligne sa fonction de régulation des crues du Var,
  • Enfin outre son intérêt écologique pour certaines espèces remarquables ou protégées, il constitue une pièce maitresse du réseau des continuités écologiques, la fameuse trame bleue et verte imposée par les lois de Grenelle.

 

Nous notons par ailleurs que La nécessité d’urbaniser les Iscles n’est pas clairement démontrée.

Le contenu du PLU reste très vague avec des objectifs de développement communal flous, voir contradictoires quand il s’agit des besoins de logement. Un potentiel d’urbanisation existe par ailleurs clairement au niveau des zones actuellement bâties. L’augmentation d’environ 3500 habitants d’ici 2015 (estimation haute du PLU) pourrait être absorbée par les zones urbaines existantes.

 

L’argument de la commune selon lequel les abords du Var peuvent être urbanisables puisque déjà mités n’est pas vraiment recevable. En effet la commune aurait pu avoir une logique alternative de reconstitution de trames vertes et bleue, comme le prévoit la loi, à travers une politique volontariste.

 

 

3/ Le projet d’extension du Port de plaisance

Le PLU de Saint Laurent du Var prévoit le doublement de son Port de Plaisance. Cette appellation est erronée car il s’agit d’un Port communautaire et il conviendrait de le présenter en enquête publique dans sa totalité.

 

Nous n’avons pas connaissance du projet d’extension mais nous appelons votre extrême vigilance sur :

– la technique sur piliers qui pourrait être utilisée ; les digues qui le composent déborderaient largement de la cote moins 10 au-delà de laquelle l’expérience a démonté que tout s’effondre. Des expertises plus récentes ont été effectuées : il conviendrait de les rendre publiques afin d’abandonner définitivement ce projet.

 

L’obligation de prendre en compte la carte des Cymodocées (espèce d’algues protégée)

L’autorité environnementale note que l’extension pourrait induire des impacts négatifs sur l’environnement en termes de perturbation des fonds marins (courantologie, sédimentation…) ainsi qu’au niveau de l’écologie sensible du haut fond porteur notamment d’herbiers de Cymodocée.

 

Pour toutes ces raisons, nous nous opposons au projet de PLU en l’état.

 

Ce dire a été déposé à l’enquête publique du Plan Local d’Urbanisme de Saint-Laurent-du-Var par:

  • Annabelle Jaeger

Conseillère régionale PACA, déléguée à la biodiversité

Représentant la Région au sein du Conseil d’administration de l’E.P.A  pour l’O.I.N « Plaine du Var »

  •  Mari-Luz Hernandez-Nicaise

Conseillère municipale de Nice

Conseillère métropolitaine de Nice-Côte d’Azur

Remonter